Von:   patrick ducray <patrickduc@yahoo.fr>
An:   UNILINZ:[rezo.net]:champs
Datum:   Freitag, 8. November 2002 20.07 Uhr
Betreff:   [Champs]ý propos du site autrichien Hyperbourdieu

Bonsoir,

Voici le passage de l' entretien Delsaut/RiviËre concernant le site de l'universitÈ de Linz:

YD dit qu'elle a dÈcouvert " des bibliographies tentaculaires sur le rÈseau Internet, avec des noms accrocheurs et post-modernes, HyperBourdieu par exemple, qui sont construites selon une philosophie qui n'a rien ý voir avec la maniËre dont j'avais entrepris de faire la mienne. L'exemple d'HyperBourdieu ( que je prends parce que le nom est facile ý retenir - tant pis pour eux, ils n'avaient qu'ý ne pas se baptiser comme Áa, c'est fait d'ailleurs pour qu'on le retienne, un nom marketing, hypertexte, hyperlien, tout y est) m'a fait beaucoup rÈflÈchir. C'est un site autrichien, fait par des universitaires de Linz, autour de vos travaux.

PB: Oui, j'ai vu Áa. J'ai vu qu'ils avaient mÍme mis un copyright pour leur bibliographie, j'ai du mal ý comprendre Áa, qu'est-ce que c'est que ce droit de propriÈtÈ auto-proclamÈ sur des donnÈes qui viennent forcÈment d'autres sources ( que d'ailleurs, ý un autre stade de leur travail, ils avaient dÈclarÈes)?

YD: Peut-Ítre qu'ils veulent protÈger leurs droits sur leur travail de mise en ligne ? Je ne sais pas comment Áa fonctionne juridiquement, mais Áa fait quand mÍme un peu arrogant, d'autant qu'ils ont l'air de prÈtendre ý une exclusivitÈ ("We now claim completeness for all works and public statements, which have been published or broadcasted in French, English or German"), Áa doit Ítre l'Èquivalent de "droits rÈservÈs pour tout pays". Je trouve qu'en plus, ce dÈploiement est plutÙt asphyxiant quand on le parcourt, parce que tout est sur le mÍme plan, Áa forme Ècran plutÙt que Áa aide, on se dit qu'on arrivera jamais ý tout embrasser. mais, dans l'assurance qu'ils montrent, je sens aussi, et c'est plus grave parce que c'est une doctrine tenace, toute une idÈologie de la distance. Ils sont totalement extÈrieurs ý votre univers, leur connaissance de la langue franÁaise est trËs rudimentaire ( ils donnent quelques Èchantillons de leur franÁais tout ý fait ridicules), c'est-ý-di re qu'ils ont la connaissance de vous est mÈdiatisÈe par les traductions, allemandes et anglaises essentiellement. ( Ce cÙtÈ "langues europÈennes dominantes" est un peu dÈplaisant, dans son principe, et aussi quand je pense aux traductions italiennes, portugaises, espagnoles, qui existent depuis si longtemps...) DÈjý, donc, ce qui pourrait vous caractÈriser comme Ètant situÈ dans un champ acadÈmique national disparaÓt totalement. Vous devenez une abstraction, un esprit. Et non seulement ils ne semblent pas se poser la question de leur compÈtence, mais dans une annexe critique, ils condamnent, en termes trËs durs, les gens proches de vous, qui ont pu Ècrire sur vous et qui sont disqualifiÈs du simple fait qu'ils sont proches."

                            Bibliographie des travaux de P.B. le temps des cerises 2002

A chacun de juger... Je crois que sur ce point Delsaut a la dent un peu dure. N'est-ce pas une expression de la lutte pour le monopole de la bibliographie lÈgitime ?

L'argument relatif aux traductions ne me paraÓt pas dÈcisif, sauf ý supposer que les traductions en question sont mauvaises; quant ý l'absence de prise en considÈration du champ franÁais, c'est vrai mais, sauf ý vouloir faire une sociologie de la sociologie de Bourdieu, cette derniËre vise une scientificitÈ et une dimension donc impersonnelle et supranationale ý laquelle en fin de compte elle accËde via ce type de sites.

Qu'en pensez-vous ?

Ducray